Je débarque enfin au Paraguay, après 2 mois 1/2 au Brésil.
Le passage de la frontière en vélo se déroule sans encombre.
À peine le temps de faire tamponner mon passeport côté brésilien, traverser le pont, un nouveau tampon côté paraguayen, que je déambule dans les rues quasi désertes de Ciudad del Este, dimanche oblige.
Je ne m'attarde donc pas, et commence mon périple sur les routes paraguayennes, en direction de Colonel Oviedo et Asuncion, sur la route numéro 7.
J'ai tout le loisir d'observer les dégâts occasionnés par la tempête de la veille, qui a laissé Foz de iguazu et plusieurs zones paraguayennes sans électricité durant plusieurs heures. Un comble pour une région disposant de la deuxième plus grande centrale hydroélectrique au monde (Itaipu)!
Arrivé à l'intersection avec la route menant à Encarnacion, au sud du pays, je m'arrête, indécis quant à savoir si je pars tout de suite vers Asuncion ou si je suis la route menant au sud.
Me rappelant la phrase de Susanne Tamaro "Quand plusieurs routes s'offriront à toi et que tu ne sauras pas laquelle choisir, n'en prends pas une au hasard, mais assieds-toi et attends. Attends encore et encore. Ne bouge pas, tais-toi et écoute ton coeur. Puis, quand il te parlera, lève-toi et va où il te porte".
Je descend donc de vélo, et j'attend.
Après m'être décidé, je discute cinq minutes avec un individu chauffeur de taxi, qui m'explique qu'il y a une colonie japonaise à environ 10km, sur la route numéro 7.
Ayant pris la décision de continuer vers Asuncion, c'est décidé, ce soir, j'irai dormir chez des japonais!
Les 10 bornes avalées, j'entre dans Colonia Iguazu, et me décide à tenter ma chance dans une belle propriété, composée d'un superbe jardin, et deux très belles maisons.
Depuis le portique, j'interpelle une demoiselle, en plein jardinage dans la propriété:
_ Bonsoir! Est-ce que vous auriez de l'eau par hasard?
(J'entame l'approche avec la demande d'eau devenue classique)
La fille aux traits asiatiques récupère ma gourde et mon kamelbak avec un grand sourire.
Pendant ce temps, un homme, asiatique lui aussi, arrive par l'autre côté du jardin.
J'enchaîne:
_ Bonsoir! Vous savez s'il y a un camping dans le coin, histoire d'y planter la tente?
Et l'homme de répondre presque sans hésitation qu'il y a une sorte d'étang non loin d'ici, avec la possibilité de planter la tente à côté.
Ca se complique, et je décide d'attendre le retour de la fille pour relancer la conversation.
_Alors comme ça il y a un camping dans la ville! Super!
Et les deux d'acquiescer, avec un soupçon d'hésitation sur le visage de la japonaise.
Je tente de me raccrocher aux branches comme je peux:
_Et il y a tout là-bas? Pour cuisiner? Pour prendre une douche?
Le doute s'installe, la douche semble être en option.
Et la fille d'enchaîner:
_Si vous voulez, vous pouvez prendre une douche chez nous!
_Non, je ne veux pas vous déranger.
Et le japonais de continuer:
_Non, vraiment, aucun problème!
Et tant qu'à faire, vous pouvez rester ici ce soir. Nous avons des chambres libres, et avec la pluie qui s'annonce...
Gagné. Grâce à une douche, j'ai gagné le droit de faire connaissance avec des habitants d'une colonie japonaise au Paraguay, d'avoir un toit pour la nuit, un lit en prime, et d'entamer de la meilleure des manières mon aventure paraguayenne.