Carte

Recherche

Archives

16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 22:04

 

Pour mon dernier jour à Huaraz, il fallait conclure sur une promenade, histoire de dire "au revoir" à la ville. Je m'en suis donc allé au marché, flâner entre les échoppes garnies de poulet, de poissons et de fruits.

C'est difficile de passer inaperçu avec mon matériel photo. 

Mais peu importe, le but est d'immortaliser ces instants en faisant oublier aux gens alentours l'appareil photo. La gêne du début laisse place à plus de décontraction, entre les allées du marché, au gré des crépitements du flash. Les langues se délient, et aux regards du début, de voir un gringo photographier un quotidien banal pour les locaux, succèdent les discussions. Pourquoi photographier ces endroits, ces moments me demandent les gens? Dans quel but? "Pourquoi pas?" pourrais-je répondre simplement. Mais l'explication la plus spontanée, c'est juste: "pour la différence", parce qu'au Pérou, on ne fait pas comme en France. Et la démarche semble instantanément prendre plus de sens aux yeux des péruviens qui m'entourent.
      

Ils en viennent à m'expliquer certains aspects de leur culture, à travers des traditions culinaires. Et tout devient plus naturel. Pourquoi mangent ils cette sorte de cochon d'Inde et pas nous? Tout est question de culture et d'histoire. Et ils prennent conscience que le "côté normal" de leur vie peut avoir un côté "différent" dans le regard d'un non-péruvien. 
      

La force de l'étranger, c'est selon moi sa capacité à voir les choses "extra-ordinaires", et la beauté d'un lieu. Toutes ces choses qu'un local ne voit pas ou banalise car il vit dedans au quotidien. On n'apprécie jamais autant sa propre ville que quand on rentre d'un voyage, avec à chaque fois une vision différente. 

C'est comme le ré-enchantement d'un endroit devenu normal, au fil de la routine. 

Et tout d'un coup, une rue, un parc, un quartier, un pont,  que l'on a pris l'habitude de traverser des milliers de fois, livre de nouveau ses secrets, comme s'il s'agissait de la première fois. Combien de fois j'ai trouvé certaines rues de Lyon banales, et en rentrant, qui sait d'Inde, de Chine ou encore de Hongrie, j'ai redécouvert ce même endroit, avec la capacité d'y apprécier l'atmosphère, la lumière, les couleurs ou les bruits... Tout est question d'état d'esprit. Comme dit William, le patron écossais de mon hostel à Huanchaco, "tout est question de point de vue". Selon lui, tout peut être vu avec une vision optimiste. Comme il le dit, avec son accent écossais, si tout venait à disparaître, plutôt que de se lamenter sur la fin, autant se dire que nous avons la chance d'être les témoins de la fin. 
      

Mon tour au marché fini, je me promène dans les rues de Huaraz, jusqu'à atterrir sur la "crêperie Patrick". J'entre, curieux de voir ce que je vais y trouver. Et ma curiosité s'avère être fructueuse. J'entame une longue discussion avec le patron des lieux, un français d' Orléans expatrié à Huaraz depuis plus de 20 ans. Entre deux bouchées d'une excellente crêpe banane-chantilly, notre conversation nous emmène jusqu'aux origines de nos voyages et histoires respectives. Agrémentée d'une liqueur de coca faite maison la crêpe n'en est que meilleure, et je découvre, fasciné, un personnage qui a tout lâché des années auparavant pour venir ici, dans ce lieu d'eau et de montagnes. Même si le Huaraz d'avant semble lui paraître loin, le développement et l'agrandissement de la ville faisant son effet, il donne l'impression de vivre dans un rêve éveillé, avec sa femme péruvienne et ses enfants. Mais je dois déjà prendre congé de mon hôte. Le temps file, avec un car à prendre le soir même, pour Trujillo. Juste le temps de retourner à l'hôtel, avec un au revoir touchant de Don Julio, le patron, comme si je faisais "partie de la famille". 

En partance vers de nouveaux horizons...

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

M
Ouah! alors là on en redemande! les gens de Huaraz peuvent être fiers, il semble qu'ils ont été pour toi une vrai source d'inspiration et de réflexions, et les commentaires passionnant! alors à très bientôt pour de nouvelles aventures prends bien soin de toi ! bisous
Répondre
C
aller...aussi loin pour rencontrer ...des frères ! ta chronique du jour est passionnante et pensons que ta vocation de "reporter est toute tracée....à publier dans les journaux ou mieux encore dans un livre: citron
Répondre
D
Orléans, Lyon, Hongrie... que de souvenirs communs, et comme le Monde est petit !<br /> Trés belles les photos du marché, mais toujours pas la moindre information sur le cout de la vie...
Répondre